« C’est Dieu qui pourvoira à l’Agneau pour l’holocauste » (Genèse 22,8)
Isaac est une des plus importantes figures du Christ car l’acceptation de son sacrifice représente une très significative annonce prophétique de la Passion : le fils unique que Dieu a donné à Abraham, le fils de la promesse, est chargé du bois pour le sacrifice et conduit sur le lieu de l’immolation, qui est le Mont Moriah, le lieu très précis où sera plus tard élevé le Temple à Jérusalem. Abraham est identifié à Dieu le Père qui accepte le sacrifice de son Fils pour le salut du monde et Isaac est identifié à Jésus, le Fils unique de Dieu, mais Dieu arrête le bras d’Abraham qui dira de manière très prophétique : « C’est Dieu qui pourvoira à l’agneau pour l’holocauste » (Gn 22,8). Et cette parole se réalisera lorsque le nouvel Isaac, Jésus, sera lui-même l’Agneau de Dieu du sacrifice rédempteur, offert en sacrifice sur le bois de la Croix, dont il avait été chargé.
Isaac accepte lui aussi de grand cœur le sacrifice qui lui semble correspondre à la volonté de Dieu et c’est pourquoi ses mérites sont si grands. Comme le rappelle Paul Drach, « L'Église prie au nom et par les mérites de N.S. Jésus-Christ qui s'est sacrifié sur la croix ; la Synagogue prie au nom et par les mérites d'Isaac, qui s'est offert sur l'autel. L'usage de prier ainsi existe de temps immémorial. Le texte chaldaïque (araméen), (Mi 7,20, Ct 1,13) en fournit la preuve » (LRC 1 page 10 & DHES 1 page 16 & 110). Ainsi la paraphrase de Michée 7,20 : « Souvenez-vous en notre faveur, comme Isaac a été lié sur l'autel pour vous être sacrifié ». Et celle de Cantique 1,13 : « Alors Moïse retourna et pria devant le Seigneur; et le Seigneur se souvint en leur faveur d'Isaac que son père avait lié sur l'autel dressé sur la montagne de Moriah » La Synagogue a un nombre prodigieux de prières spécialement consacrées à demander l'application des mérites d'Isaac. Les Juifs plaisants disent que si, par malheur, Isaac avait reçu la moindre égratignure sur la montagne de Moriah, les livres de prières seraient si volumineux qu'il faudrait des voitures pour les transporter au temple » (LRC 1 page 70)
Jésus le Messie est vraiment « l’Agneau de Dieu », le nouvel Isaac qui sauve le monde par ses mérites. Le récit de la Genèse (chapitre 22) évoquait encore un âne qui est sellé puis laissé au pied de la montagne (Gn 22,5) et qui n’est plus mentionné ni après, ni lorsque les protagonistes repartent (Gn 22,19). Dans leur commentaires, les rabbins disaient que cet âne doit rester là jusqu’à ce que le Messie vienne le reprendre et le monter. C’est ce qu’on retrouve pour les Rameaux et c’est sans doute ce qui explique l’insistance du récit des Évangélistes sur ce point de détail : « Jésus, trouvant un petit âne, s’assit dessus » (Jn 12,14), « un petit âne que personne au monde n’a encore monté » (Mc 11,2).