« Sur lui reposera l'Esprit du Seigneur, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur » (Isaïe 11,1-2)
L’attente d’Israël s’est concentrée sur ce concept particulier de « Messie » qui est fondamentalement un concept trinitaire impliquant :
Et c'est ce concept trinitaire de « Messie » qui va être le vecteur de la révélation définitive du Dieu Trinitaire.
le terme « messie » désignait tout d’abord celui qui avait reçu « une onction d’huile sainte » : la composition de l’huile sainte est définie dans le livre de l’Exode (Ex 30,23-25) et elle est d’abord utilisée pour l’onction d’Aaron et des prêtres (Ex 29,7 ; 29,29) afin de les consacrer pour le sacerdoce et pour sanctifier les lieux saints où le culte sera offert à Dieu.
Dans un deuxième temps, l’onction sera donnée aux rois d’Israël : à Saül (1 Sa 9,16 ; 10,1), à David (1 Sa 16,12), à Salomon (1 R 1,34) puis à tous leurs successeurs (cf. 2 R 11,12 etc.).
L’onction d’huile sainte est toujours un signe en rapport avec l’Esprit de Dieu, mais l’Onction de plénitude que recevra le Messie est annoncée comme étant celle de l’Esprit de Dieu lui-même :
Lorsqu’ils reçoivent l’onction royale, l’Esprit de Dieu « fond » sur Saul (1 Sa 10,6-10) comme sur David (1 Sa 16,13) et il les change « en un autre homme » (1 Sa 10,6), mais pour le Messie promis qui sortira de la souche de Jessé, père de David, le prophète Isaïe indique que c’est l’Esprit de Dieu lui-même qui sera son Onction : « Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur » (Is 11,2) ou plus loin : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’Onction » (Is 61,1) et la Synagogue ancienne « ne mettait pas en doute que tous ces versets ne regardent le Messie » (cf. DHES 2 page 93 à 102)
« Et l'esprit de Dieu, c'est l'esprit du Messie. Dès qu'il planera sur la superficie des eaux de la loi, aussitôt commencera l’œuvre de la rédemption. Tel est le sens des paroles suivantes : et Dieu dit que la lumière soit » (Zohar sur la Genèse, fol. s1., col. 82, 1. n9.) (LRC 2 page 37).
Ou encore « Il est écrit (Is 11,1) :
Et reposera sur lui l'esprit de YHWH, l'esprit de sagesse et d’intelligence, l'esprit de conseil et de force, l'esprit de science et de piété. Voilà quatre esprits ; et aucune autre personne que le Roi-Messie ne les a réunis en soi » (LRC 2 page 50).
Le Messie oint de l’Esprit de Dieu, sera par ailleurs « Fils de Dieu » à un titre tout à fait spécial
Dans la révélation, le peuple d’Israël lui-même est appelé « fils de Dieu » (Dt 32,6-15 ; Os 11,1). Moïse s’entend dire ainsi : « Tu diras à Pharaon : Ainsi parle l’Éternel : Israël est mon fils, mon premier-né. Je te dis : Laisse aller mon fils pour qu’il me serve » (Ex 4,22). Les premiers hommes (Gn 6,2), les anges (Jb 1,6), les justes (Sg 2,18), les Juges qui transmettent les sentences divines (Ex 18,15-19) ou le Roi d’Israël lui-même (2 Sa 7,13-14 ; 1 Ch 22,10 ; Ps 89,27) sont aussi parfois désignés par en ces termes. Mais dans la Tradition juive, il est clair que le Messie sera « Fils de Dieu » à un titre tout spécial dans l’esprit du Psaume messianique : « Le Seigneur m’a dit : "Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré" » (Ps 2,7-8) qui est commenté ainsi dans le Talmud :
« nos rabbins ont enseigné, que le Saint, béni soit-Il, dira au Messie, fils de David (qu’Il se révèle rapidement de nos jours !) : « Demande-moi ce que tu voudras et je te le donnerai », ainsi qu’il est dit : « Je publierai le décret ; l’Éternel m’a dit : Tu es mon Fils ! Je t’ai engendré aujourd’hui. Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage » (Sukkah 52a).
David l’apprend aussi dans l’oracle messianique transmis par Samuel : « Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils » (2 Sa 7,5-19).
Selon Paul Drach, s'adressant aux juifs : « la doctrine de la sainte Trinité, c'est-à-dire, de trois personnes distinctes, unies en une seule essence divine, était de tout temps reçue dans notre nation. Quand Notre-Seigneur Jésus-Christ donne à ses apôtres qu'il avait choisis parmi nos frères, la mission de prêcher son saint Évangile aux nations, il leur dit : Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Il semble qu'il ne leur révèle pas la doctrine de la sainte Trinité ; il leur en parle comme d'un article de foi connu et admis parmi les enfants d'Israël » (LRC 2 page 25).
le baptême de Jésus par Jean le Baptiste qui fait entrer le Christ dans sa vie publique est manifestation parfaite du mystère de la Trinité, lorsque l’Esprit de Dieu descend sur le Fils comme une colombe (Mt 3,16 ; Mc 1,10 ; Lc 3,22 ; Jn 1,32), et que le Père témoigne : « Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui j’ai mis tout mon amour » (Mt 3,17 ; Mc 1,11 ; Lc 3,22).
Plus tard, Jésus dans la Synagogue de Nazareth ouvre l’Écriture qu’on lui présente et lit : « L'Esprit du Seigneur YHWH est sur moi, car YHWH m'a donné l'onction; il m'a envoyé porter la nouvelle aux pauvres, panser les cœurs meurtris, annoncer aux captifs la libération et aux prisonniers la délivrance » (Is 61,1). Puis il commente : « Cette parole de l’Écriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit » (Lc 4,21).
Finalement, l’œuvre de l’Incarnation du Fils de Dieu dans le sein de la Vierge Marie par de l’Esprit Saint ne fait que manifester en notre monde, en vue de la Rédemption, cette réalité éternelle du Fils de Dieu qui est oint par le Père de l’Esprit Saint dès avant la création du monde. Jésus ne devient pas le Messie : il l’est de toute éternité et c'est ce qu'il vient révéler par son Incarnation. En attendant ce « Messie », les juifs ne savent pas qu’ils attendent en réalité la manifestation de ce Dieu Trinitaire qui est lui-même notre Rédempteur et qui vient nous sauver.