« La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle; c'est là l'œuvre du Seigneur, une merveille à nos yeux » (Psaume 118,22)
L’incompréhension d’une partie d’Israël elle-même était aussi annoncée : c’est ainsi qu’il était écrit que « la pierre rejetée par les bâtisseurs » deviendrait « la pierre angulaire » (Ps 118,22) et plusieurs prophéties reprenaient ce thème :
le thème de l’infidélité d’Israël n’est pas éludé. Sur Internet, on peut voir comment Rav Ron Chaya donne « la preuve irréfutable que la Torah est d’origine divine » en démontrant à partir de 38’32 que certaines des 98 prophéties de malédiction prononcées dans le chapitre 28 du Deutéronome après l’avertissement « si tu n’écoutes pas la voix de YHWH ton Dieu » (Dt 28,15) se sont accomplies de manière parfaite avec une précision surnaturelle, notamment :
Et il conclut logiquement « il y a 2.000 ans, le peuple d’Israël a opté pour la mauvaise voie » (en 1h39’08) puisque ces prophéties de malédictions se sont appliquées, et notamment celle de l’écrasement de Jérusalem en 70 par les soldats de Rome au terme d’un siège terrible :
« YHWH suscitera contre toi une nation lointaine, des extrémités de la terre ; comme l'aigle qui prend son essor. Ce sera une nation dont la langue te sera inconnue, une nation au visage dur, sans égard pour la vieillesse et sans pitié pour la jeunesse. Elle mangera le fruit de ton bétail et le fruit de ton sol, jusqu'à te détruire, sans te laisser ni froment, ni vin, ni huile, ni portée de vache ou croît de brebis, jusqu'à ce qu'elle t'ait fait périr. Elle t'assiégera dans toutes tes villes, jusqu'à ce que soient tombées tes murailles les plus hautes et les mieux fortifiées, toutes celles où tu chercheras la sécurité dans ton pays. Elle t'assiégera dans toutes les villes, dans tout le pays que t'aura donné YHWH ton Dieu. Tu mangeras le fruit de tes entrailles, la chair de tes fils et de tes filles que t'aura donnés YHWH ton Dieu, pendant ce siège et dans cette détresse où ton ennemi te réduira » (Dt 28,50-53)
Mais Isaïe indique qu’un temps viendra où « un reste d’Israël » reviendra au « Dieu fort » (Is 10,21) c’est-à-dire au Messie selon la terminologie du prophète (cf. Is 9,5). Et juste avant de promettre la joie à la Fille de Sion (So 3,14-15), le prophète Sophonie déclare de la part du Seigneur :
« Je ne laisserai subsister en ton sein qu'un peuple humble et modeste, et c'est dans le nom de YHWH que cherchera refuge le reste d'Israël. Ils ne commettront plus d'iniquité, ils ne diront plus de mensonge; on ne trouvera plus dans leur bouche de langue trompeuse. Mais ils pourront paître et se reposer sans que personne les inquiète » (So 3,12-14)
Et c’est par ce « reste » d’Israël (Is 4,2-3 ; 10,22-23 ; 37,32 ; Jr 31,7 ; Mi 5,2 ; Rm 9,25-27) que le dessein de Dieu s’accomplira, et de 1000 manières ensuite, Dieu promet à la fin et si l’on revient à lui, le rassemblement et le salut d’Israël (Dt 30,3-5 ; Ne 1,9 ; Tb 13,15 ; Ps 14,7 ; 53,7 ; Is 11,12 ; 14,1-2 ; 43,5-6 ; 49,6 ; 56,8 ; 66,20 ; Jr 16,15 ; 23,3 ; 29,14 ; 30,3 ; 32,37 ; Ez 20,34 ; 20,41-43 ; 28,25 ; 34,13 ; 36,24 ; 37,12 ; Ba 4,29 ; Za 8,7-8 ; 10,6), aux yeux de toutes les nations (Ez 28,25 ; 39,27 ; So 3,20) « comme si il ne les avait pas rejetés » (Za 10,6).
À noter cependant que cette œuvre de rassemblement est celle de Dieu directement et non celle de son Messie dont ce n’était pas la mission première (cf. Paul Drach : LRC 1 page 5 & DHES 1 page 9-11)
c'est bien un « petit reste » du Peuple juif qui a reçu le Christ et qui s’est attaché à lui - même si les 12 Apôtres, les 72 disciples, les 500 témoins de la résurrection et les 3000 convertis de la Pentecôte et des toutes premières années de l’Église étaient tous juifs.
Après le Christ, Israël s’est effectivement divisé au sujet de Jésus « la pierre d’achoppement » (Is 8,14), et « la vigne a été confiée à d’autre vignerons » (Mt 21,41) : maintenant « l’Église est le nouveau Peuple de Dieu » (Nostra Aetete n°4) :
« Race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple acquis pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Vous qui jadis n'étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu, qui n'obteniez pas miséricorde et qui maintenant avez obtenu miséricorde » (1 P 2,9)
Si les juifs connaissent et adorent le vrai Dieu et sa Loi, ce n’est pas dans la plénitude et la vérité du Christ. Ils sont toujours certes « enfants de Dieu », « membres de son peuple » selon la chair, « chéris à cause de leurs pères » (Rm 11,28), « ils ont du zèle pour Dieu » même si c’est un zèle « mal éclairé » (Rm 10,2), ils partagent les premières Alliances, le culte, les promesses (Rm 9,4), ils sont de la race du Christ (Rm 9,3) et ils sont aussi d’une certaine manière « nos frères ainés » (Jean-Paul II), mais « tous les descendants d’Israël ne sont pas Israël » (Rm 9,6) et seul un reste d’Israël a suivi le Christ : et tous ceux qui appartiennent au Christ, juifs ou grecs, sont maintenant « de la descendance d’Abraham, héritiers selon la promesse » (Ga 3,29), alors que les autres sont encore « les brebis perdues de la Maison d’Israël » (Mt 10,6 ; 15,24) à qui il nous faut « aller » (Mt 10,6) annoncer le Christ.
Cependant, l’illumination finale de tout Israël est également annoncée dans le Nouveau Testament comme elle l’était dans l’Ancien Testament et comme le montre aussi de la belle figure messianique qui conclut la Genèse : celle du Patriarche Joseph vendu par ses frères, qui sauve l’univers, avant de se faire finalement reconnaître d’eux et de les serrer sur son cœur, en pleurant de joie (Gn 50,17) :
« Le mal que vous aviez dessein de me faire, le dessein de Dieu l’a tourné en bien, afin d’accomplir ce qui se réalise aujourd’hui : sauver la vie à un peuple nombreux » (Gn 50,20)
Dans l’accomplissement de la fin des temps, « Israël boiteux sera guéri » (LRC 2 page 163) et c’est nous attendons l’illumination d’Israël qui viendra à la fin, quand sera accompli « le temps des païens » (Lc 21,24), et comme le prophétise Saint Paul : « Si leur mise à l'écart fut une réconciliation pour le monde, que sera leur admission, sinon une résurrection d'entre les morts ? » (Rm 11,15)
« Dieu est bien assez puissant pour les greffer à nouveau » (Rm 11,23) « Je ne veux pas, frères, vous laisser ignorer ce mystère, de peur que vous ne vous complaisiez en votre sagesse : une partie d'Israël s'est endurcie jusqu'à ce que soit entrée la totalité des païens, et ainsi tout Israël sera sauvé, comme il est écrit : De Sion viendra le Libérateur, il ôtera les impiétés du milieu de Jacob » (Rm 11,25-26)