« Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la Vierge est enceinte et elle enfantera un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel » (Isaïe 7,10)
Isaïe est considéré comme le plus grand prophète messianique, et juste après le récit de sa vocation au cours d’une vision dans laquelle se révèle à lui le Dieu « trois fois saint » (Is 6,3), il est envoyé par le Seigneur pour raffermir la foi d’Achaz, roi de Juda, de la maison de David, qui tremble devant le roi d’Aram et le roi d’Israël en marche contre lui (Is 7,1-9). Face à la menace d’un changement de dynastie et donc d’une extermination de la famille royale régnante, « le prophète fait remarquer à Achaz et aux princes de Juda que la conservation de leur famille est garantie comme une conséquence de la promesse divine qui lie le Rédempteur futur à la maison de David » (DEHS 2 page 19) et il profite de l’occasion pour ajouter un nouveau trait aux prophéties déjà existantes : « la naissance toute miraculeuse du Sauveur » (DEHS 2 page 28) dont parlera le chapitre 7 du livre d’Isaïe ainsi que les 5 chapitres suivants « lesquels s’enchainent admirablement », les chapitre 9 et 11 s’étendant plus spécialement sur la naissance très particulière de cet enfant (DEHS 2 page 28).
l’ancienne Synagogue ne faisait aucune difficulté pour attribuer évidemment toutes ces prophéties au Messie et la promesse de ce « signe » eu évidemment un grand retentissement : 30 ans plus tard, le prophète Michée « qui marche sur les traces d’Isaïe au point de répéter quelques fois ses prophéties mot à mot » (DHES 2 p.62) parlera à son tour, en référence à cet oracle, de « Celle qui doit enfanter » (Mi 5,2), mais après l’avènement du Christianisme qui se référait bien logiquement et naturellement à « la Vierge », les rabbins se sont mis à contester cette interprétation antique et à l’attaquer de différentes manières. Pour cette raison, la prophétie d’Isaïe est longuement analysé par Paul Drach dans le second tome de son livre « De l’Harmonie entre l’Église et la Synagogue » (cf. DEHS 2 - page 11 à 382)
Les rabbins modernes ont d’abord contesté la traduction par « Vierge » du terme hébreux « Alma » qui est utilisé pour désigner la jeune fille mais c’est bien exactement ce terme (parthénos) qui a été choisi dans la traduction grecque inspirée des Septantes, et Paul Drach montre que ce terme est celui qui convenait le mieux pour indiquer ce sens précis (cf. DHES 2 p.120 -172) :
Il établit ensuite également contre les différentes contestations modernes :
Paul Drach se demande enfin d’où vient ce respect universel pour la virginité (DHES 2 p.237-258) ? Il note qu’on le trouve dans tous les peuples : chez les Égyptiens (Isis), chez les Grecs (Pythonisses) et les Romains (Vestales et Sybilles), chez les Gaulois (Druidesses vierge et les Druides qui croyaient à la future vierge mère, « virgini pariturae », de Chalons, Longpont, Chartres, etc.), chez les musulmans, les indiens, les Péruviens, les Mexicains, etc. L’auteur propose une explication :
« la tradition des premiers Patriarches du genre humain peut seule nous l’expliquer. Une Vierge devait donner au monde le Libérateur que toutes les nations désiraient : voilà le mot de l’énigme » (DHES 2 p.267)
la naissance du Christ Jésus de la Vierge Marie sans l’intervention d’un père humain est attestée par les Évangiles de Matthieu (Mt 1,18) et de Luc (Lc 1,27), qui y reconnaissent le signe annoncé par le prophète Isaïe (Mt 1,23). Ce signe convient parfaitement pour manifester la venue du Fils éternel de Dieu, « né du Père avant tous les siècles » (Credo) et Jésus peut véritablement être appelé « du nom d’Emmanuel, ce qui se traduit "Dieu avec nous" » (Mt 1,23), parce qu’il est le Verbe éternel « qui s’est fait chair » et « qui a habité parmi nous » (Jn 1,14).